Le village d’Abou Gosh et ses églises

A 14 kilomètres à l’Ouest de Jérusalem, se trouve le fameux village d’Abou Gosh. Il constitue un des pôles les plus attractifs pour les touristes et pour les israéliens en quête de dépaysement ou des plaisirs de la bouche.

Ce village jouit d’une grande renommée en Israël du fait de son célèbre Houmous (cela peut s’écrire autrement comme Hummus). En effet, les foules sont prêtes à faire des kilomètres pour goûter un houmous dans ce village. Faut dire qu’ il représente Israël dans cette guerre culinaire proche-orientale qui l’oppose au Liban dans la compétition de fabrication du plus grand hummus du monde.

Mais au-delà de l’aspect culinaire, Abou Gosh est célèbre dans tout le pays par son festival de musique vocale, son histoire, ses églises ou encore sa grande mosquée aux quatre minarets, financée par le tumultueux président tchétchène Ramzan Kadyrov.

Le village d’Abou Gosh

Le village d’Abou Gosh constitue un paisible village presque intégralement musulman niché sur les montagnes de Judée, à près de 700 mètres au-dessus de la mer. Son histoire remonte à l’époque biblique avec l’identification des lieux comme la Kiryat Yearim où fut, selon le livre de Samuel, déposée l’Arche d’Alliance dans la maison d’Aminadab avant d’être emmenée par le roi David vers le mont Moriah, l’Acropole de ce qui adoptera le nom de citée de David : Jérusalem.

Son emplacement stratégique autour d’une source d’eau et dominant le corridor menant de la côte jusqu’à la ville sainte de Jérusalem transformera ce village en un lieu qui fut prédisposée au contrôle de l’accès à la ville sainte. Se transformant en station de positionnement d’une des cohortes de la Xème légion romaine, cette même légion qui fut préalablement responsable de la conquête et de la destruction de Jérusalem.

Bien plus tard, et après une présence chrétienne marquée par l’édification d’église marquant l’emplacement de Kiryat Yearim à l’époque byzantine, ce fut l’ordre des chevaliers de la croix de saint Jean qui au XIIème siècle assurera l’édification d’une des plus belles églises encore visibles aujourd’hui.

Sa population que l’on qualifie faussement d’Arabe israélienne trouverait son origine dans les populations caucasiennes d’Ingoushie qui firent leur réputation en prélevant des frais de passage et de protections en contrôlant le principal chemin d’accès à Jérusalem.

Le nom même du village continuerait d’entretenir ce lien avec cette lointaine origine revendiquée par les habitants du village et qui les différencie des habitants arabes de la région. Ici, une grande partie des habitants s’enrôle volontairement au sein des divers corps sécuritaire du pays.

L’Emmaüs des croisés

Située à une distance de 60 stades de Jérusalem en accord avec l’Evangile selon Luc, Abou Gosh fut identifié à l’époque des croisés comme la ville d’Emmaüs où Jésus réapparu ressuscité pour la seconde fois et assura la fraction du pain face à ses disciples. Cette identification fit partie des quatre traditions d’identification formelle du site d’Emmaüs connu comme l’Emmaüs des croisés, mais cessa définitivement d’être perçu comme tel depuis le XIXème siècle.

Histoire d’Emmaüs des croisés

C’est ici qu’en 1141 les chevaliers de la croix de Saint-Jean, connu aussi comme l’ordre des hospitaliers édifièrent la splendide église que nous pouvons admirer sur place.  Bien que la présence hospitalière prît fin avec les conquêtes de Saladin en 1187, les lieux furent apparemment utilisés comme une station par les pèlerins chrétiens désireux d’accéder jusqu’ à Jérusalem à travers les siècles.

Il faudra attendre l’époque moderne, pour voir après un abandon partiel des lieux réutilisés à des fins strictement fonctionnelles comme écurie ou encore comme salorge, le sultan ottoman céda en 1873 ces terres au gouvernement français à travers son ambassadeur à Istanbul, le comte Charles-Jean-Melchior de de Vogüé.

L’église est considérée par beaucoup comme une des plus belles églises de style romane du pays ; constitue de trois nefs d’égales mesures, la très belle fresque dédiée à la représentation de la rencontre entre Jésus, Cléopas et Simon ont été largement préservés malgré l’iconostase dont elles furent les victimes. L’acoustique de l’Eglise est fantastique, attirant les foules durant le prestigieux festival de musique d’Abou Gosh, et remplissant les lieux durant la messe de minuit, mais desservant avant tout la liturgie de la communauté monacale bénédictine locale.

L’Église est construite sur la source visible est protégée dans la crypte, nous rappelant la collusion des intérêts religieux et stratégiques de l’époque des croisés.

Le jardin est un véritable havre de paix, et le lieu autorise la rencontre entre moines et séculiers mais aussi entre les différentes communautés chrétiennes, juives et musulmanes jouissant du devoir d’hospitalité offert par les frères et sœurs bénédictins.

Une petite partie est dédiée à l’histoire et l’archéologie des lieux. On peut même retrouver une belle pierre dédiée à la prestigieuse Xème légion romaine « Fretensis » scellée dans un des pans de l’église.

Les moines produisent sur place, céramiques mais surtout différents alcools dont du limoncello au plus grand plaisir des visiteurs.

Malgré l’intérêt et la beauté des lieux, si certains sont prêts à traverser le pays pour visiter cette Église, c’est très souvent en quête d’une rencontre toute particulière, une rencontre Humaine.

Frère Olivier : une grande figure du monastère

Le frère Olivier établi dans ce monastère depuis 1977 est devenu malgré lui un monument d’humanité jouissant d’un consensus unique dans le pays. Autour de ce frère bénédictin se définissant lui-même comme : « un moine catholique établi dans un village musulman dans un état juif… » se pressent chrétiens de toutes obédiences. Mais au-delà de son charisme, c’est sa capacité de pouvoir réunir juifs chrétiens et musulmans en basant sa relation à l’autre sur ce qui rassemble, sans aucune forme de prosélytisme, qui lui assure une notoriété telle qu’il a reçu du département d’éducation de l’armée israélienne la sensible tache de rencontrer des troupes de soldats israéliens afin de les sensibiliser aux différentes communautés vivantes en Israël. Un véritable message d’amour et d’humanité généreusement dispensé à tous les visiteurs prêts à s’ouvrir à lui.

Une visite qui s’impose par la richesse historique, architecturale et la beauté des lieux autant que par l’attrait d’une communauté monacale certes fermée mais constituant un exemple unique d’ouverture d’esprit.

L’église Notre Dame de l’arche d’Alliance 

Au nord-ouest du village, surplombant les environs de toutes part du haut de ses 756 mètres, nous retrouvons une des églises bénéficiant d‘un des plus beaux points de vue sur la région.

Edifiée sur le tertre archéologique de tel Kiryat Yearim, cette église fut édifiée à l’emplacement de deux couches d’églises antérieures. Une première de l’époque byzantine qui fut comme la majeure partie des églises du pays détruite à la venue des Sassanides en 614. La seconde, aux dimensions plus modestes qui fut intégralement détruite au XIème siècle.

Elle est surplombée par une imposante statue illustrant la vierge Marie, Jésus entre ses mains se tenant au-dessus de l’arche d’alliance, dominant les environs. Le choix de son emplacement est intégralement dédié à assurer un parallélisme entre la madone en tant que réceptacle charnel dans lequel Dieu s’incarnera sous sa forme humaine et l’arche d’Alliance, l’artéfact le plus précieux de la bible qui symbolisait lui le réceptacle dans lequel la présence symbolique de Dieu était contenu à travers ses commandements révélés sur le mont Sinaï à Moise. Illustrant par la même le passage, la continuité entre l’ancienne et la nouvelle alliance à travers Jésus.

Cette église est comme la précédente liée à la France, administrée par l’ordre de Saint Joseph de l’Apparition. C’est Rumèbe la moniale sœur Joséphine Rumèbe qui visita puis venu s’établir des 1901 sur cette colline qu’incomba l’acquisition entre 1903 à 1905 des terres sur lesquels furent édifiées le monastère puis l’église actuelle ou elle fut inhumée après son décès.

L’Église est belle, épuré, des murs blancs, et deux belles séries de colonnes menant jusqu’aux chapelles absidales toutes agrémentés d’autels, un plafonnage travaillé nous recouvrant de présence angélique, l’inclusion de restes de mosaïques de l’époque byzantine dans le sol de l’Église moderne et une belle représentation de David orne les lieux.

L’église est au cœur du prestigieux festival de musique vocale d’Abou Gosh qui se dédouble chaque année entre les fêtes juives de Soukot et de Shavouot.

FAQ sur Abou Gosh

L’importance d’Abou Gosh pour le christianisme est tirée de sa superposition avec le site biblique de Kiryat Yearim ainsi que l’ancienne identification des lieux comme Emmaüs ; raison de la présence d’institution religieuses importantes tel que les églises citées précédemment mais aussi le centre de l’Opus Dei ou encore l’unique village judéo-chrétien de Yad HaShmona.

Pour l’Israélien lambda, Abou Gosh est synonyme de Houmous. De plus, la marque Houmous Abou Gosh est déposée et il est même source de conflit entre différentes familles et restaurants qui se disputent le titre de l’original houmous d’Abou Gosh.

Spécialité culinaire proche-orientale dont le Liban, Israël et quelques autres pays se disputent l’invention, cette purée de pois chiches agrémentée de purée de sésame (tahina), citron, ail et autres condiments demeure un incontournable pour tous les visiteurs.

Sa plus vieille apparition littéraire est biblique  sous le nom de « Himtsa ».