Vue aérienne des eaux de la mer MorteLa mer Morte et le Jourdain s’assèchent à un rythme affolant. Ainsi, la mer Morte, située à 436 mètres au-dessous du niveau de la mer, soit le point le plus bas du globe, recule de 1,2 mètre chaque année. Les plages s’éloignent des hôtels pour laisser place à des cratères.

Face à l’urgence de la situation, neuf ONG se sont associées pour amener Israël, la Syrie et la Jordanie à prendre les mesures qui s’imposent et sauver la mer Morte et le Jourdain.

Une situation inquiétante du niveau de la mer Morte

Depuis le milieu des années 70, la mer Morte s’est progressivement asséchée. Elle a ainsi perdu plus de la moitié de sa taille. Si le climat aride, aggravé par le dérèglement climatique, pourrait être assez naturellement incriminé, les raisons sont avant tout à chercher ailleurs. Pour les scientifiques, la cause première est liée à la surexploitation du Jourdain par la Syrie, Israël et la Jordanie.

En effet, le Jourdain dont les eaux naissent sur le Mont Hermon, puis s’écoulent entre la Syrie, Israël et la Jordanie, sur près de 250 km, a longtemps alimenté les eaux du lac de Tibériade et de la mer Morte.

Or, au cours des dernières décennies, les barrages et les dérivations destinés à irriguer les cultures des trois pays et à alimenter en eau potable leurs habitants ont drastiquement réduit le volume des eaux du fleuve.

Ainsi, durant les soixante dernières années, la Syrie a construit près de 40 barrages sur le Jourdain et ses affluents. Israël a, pour sa part, détourné les eaux du Lac de Tibériade pour irriguer les plaines environnantes. La Jordanie, elle, a créé un canal pour utiliser les eaux du principal affluent du Jourdain, le fleuve Yarmouk.

Et le débit du Jourdain s’est vu divisé… par 10 ! A titre d’illustration, si jusque dans les années 1930 le lac de Tibériade, lui-même alimenté par le Jourdain, déversait près de 1 200 millions de mètres cube d’eau vers le sud de la vallée du Jourdain, aujourd’hui il ne fournit plus que 10 millions de mètres cubes par an. Plus au sud, la mer Morte en subit les conséquences.

Une eau pauvre et polluée

De plus, la qualité de l’eau s’est elle aussi considérablement dégradée. Si en amont, le Jourdain offre encore des eaux claires et des rives verdoyantes dans lesquelles les populations aiment se divertir, la situation se gâte dès l’apparition des premiers barrages.

La pollution engendrée par les industries qui pompent l’eau et rejettent leurs produits, par le déversement dans le fleuve des eaux d’égout non-traitées et par les pesticides des exploitations agricole est venue s’ajouter à la raréfaction de l’eau.

Il en résulte, entre autres problèmes, une pénurie d’eau potable de plus en plus inquiétante pour les populations locales.

Une même vision, une même volonté

Neuf ONG ont donc décidé d’unir leurs efforts pour réhabiliter la mer Morte et le Jourdain. Réunies sous le nom From The Point Of View Of The Sea, ces organisations à but non lucratif qui intervenaient jusqu’alors séparément sur la question de l’eau, se sont mises d’accord sur une démarche commune visant à réduire les pompages et les dérivations de l’eau du Jourdain, à intervenir auprès des entreprises pour réduire leur impact sur la qualité de l’eau et pour inciter le gouvernement israélien à utiliser ses technologies de désalinisation au bénéfice des populations des pays voisins.

La coalition compte amener les pays à s’asseoir à la table des négociations pour coopérer dans le cadre d’un programme commun.